Pieter Brueghel croise Jean-Jacques Rousseau sur l’A1
Jacques Darras. Pieter Brueghel croise Jean-Jacques Rousseau sur l’A1. Poèmes cinétiques
(Le Cri, Bruxelles)
C’est le mouvement qui est la force du poème. Le mouvement de la pensée. Au présent progressif. En train de se faire. Le poème est machine à avancer. Très vite le plus souvent. Sur une longue distance, pourquoi pas ? Nous lisons, nous sautons, nous courons en poésie. Les sauts, les bonds sont la partie joyeuse de la logique poétique. Grande différence avec la prose appliquée à elle-même. Légèreté de la poésie disait Platon. Mais bien sûr ! Mais quel avantage ! Voyez la rapidité de Brueghel, premier peintre moderne à embrasser les foules avec l’espace. Puis vient le romantisme, tendance à l’immobilité. S’enliser à Senlis ? Émotion plutôt que motion ? Nous, nous repartons, redémarrons, réenfourchons l’autonomie du vers. Volts, voltes et désinvolture. Quel but ? Jouer avec de nouvelles gravités.
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William Blake. Le Mariage du Ciel et de l’Enfer et autres poèmes. Traduction Jacques Darras (Gallimard NRF/Poésie)
L’œuvre de William Blake vient en écho aux secousses révolutionnaires de son temps, mais c’est un écho sans cesse transfiguré, en cela voué à une révolution totale qui prend en compte toutes les forces en mouvement dans le champ du visible, du temporel, comme dans celui de l’invisible, de l’éternel.
Le 24 septembre 2012
La mer est le bruit de notre respiration magnifié
La mer nous disposons de réserves d’air inépuisables
La mer nous aurons des transfusions d’iode s’il le faut
La mer j’aimerais mourir devant une fenêtre ouverte sur le large
La mer m’emporterait petite barque disparaissant à moi-même
La mer le grand reflux final aurait commencé
La mer au-revoir mes pores au-revoir ma peau au-revoir poème
La mer je vous abandonne mon sac gluant de méduse sur le sable
La mer mon gigantesque corps pulmonaire extérieur
La mer ma respiration mentale ma respiration abdominale
La mer oui mais pourquoi me greffer cette image médicale de la
mer
La mer pourquoi me vouer à l’existence hospitalière de moi-même
La mer je change d’école la récréation recommence
La mer nous pianotons de nos doigts la peau d’un ballon gonflé
La mer nous volleyons l’air nous lui rendons gifle pour gifle
La mer nous plongeons vers d’imaginaires poteaux de but
La mer nous sommes en forme adolescente
La mer j’aspire au bleu du ciel le violet de la mer me recueille
La mer ma pesanteur est presque nulle je ne vivrai plus ailleurs
La mer le monde est mon lit pour lampe de chevet le soleil
La mer pourquoi ne poissonnerions-nous pas à longueur de
journée
La mer pécher le péché de culpabilité n’est pas possible dans l’eau
La mer tous les pécheurs en file indienne derrière Jésus chef de
nage
La mer baptême natatoire instantané
La mer pour le Christianisme nous préférerons la Baltique
La mer avez-vous passé votre brevet de sauveté
La mer j’attendrai face à la fenêtre l’âme tranquille
La mer je ne suis pas pressé les marées m’amusent
La mer je veux encore user de quelques jusants
La mer le Musagète même âgé garde pour lui l’usage des Muses
12 novembre 2011 – Une vie, une oeuvre – Gertrude Stein
J’ai participé à l’enregistrement de l’émission de France Culture Une vie, une oeuvre à propos de Gertrude Stein.
Cette émission, présentée par Matthieu Garigou-Lagrange et réalisée par Jean-Claude Loiseau sera diffusée le samedi 12 novembre 2011 à 14h00
Lien vers le site de France Culture
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